mercredi 30 mars 2016

Essai - Moto Station off-road

http://www.moto-station.com/article17446-essai-honda-africa-twin-extreme-enduro.html?src=NL160330

Essai Honda Africa Twin : Extreme Enduro !


L'Africa Twin est de retour sur Moto-Station, mais cette fois pour un test très particulier. Nous avons chaussé les pneus crampons, bottes de cross, camel back... pour l'essai 100% enduro de la CRF1000L, action !


Après l'essai en Afrique du Sud ou encore les comparatifs face à la BMW 1200 GS et la Yamaha Super Ténéré, vous pensiez qu'on en avait fini avec le nouveau trail "aventure" japonais ? Faux ! La coqueluche 2016 de chez Honda n'a pas encore validé tous ses tests, notamment en tout terrain. Eh oui, on parle bien de l'Africa Twin, dont les racines sont inévitablement ancrées à l'histoire du Dakar et que le constructeur n'a pas manqué de définir lui-même comme un "vrai trail vraiment vrai"...
Naturellement, à la station, on s'est donc posé une question, LA question : de quoi cette Africa Twin est-elle réellement capable en offroad ? Et on a vérifié ! Attention, on ne vous parle pas de la balade dans les pistes de 5 mètres de large toutes plates sur lesquelles on passe la sixième en attendant que ça se passe. Non, non, ça on sait qu'elle peut le faire. Notre objectif ici, c'est une sortie en Africa Twin dans les chemins de la Creuse, taillés sur mesure pour les randonnées Enduro, et pourquoi pas, encore plus loin...



"Tu es au courant qu'elle pèse 235 kg cette moto ?"


L'idée est lancée, reste à mettre tout cela en place... Inutile de vous dire que l'histoire commence par un changement de pneus obligatoire. Exit donc la monte routière d'origine et place aux Michelin Desert Race, sans doute les pneus les plus orientés tout terrain disponibles pour ce genre de moto, avec de vrais crampons pour rentrer dans la terre ! Et comme on ne fait jamais les choses à moitié pour vous, nous prendrons deux Africa Twin pour cet essai, oui oui, vous avez bien lu, une version DCT et une version standard.

Nous n'apporterons pas grand chose de plus sur ces Trails, si ce n'est enlever les caoutchoucs des repose-pieds. Ah si, nos versions d'essai sont dotées de "crash bar" au niveau des radiateurs, c'est sans doute plus prudent... Pour le reste, les motos disposent de série d'un sabot moteur assez costaud, élément indispensable pour ce type d'utilisation car on remarque que les collecteurs d'échappement sont assez bas, voire exposés. Dommage que cet élément n'englobe pas l'ensemble, la petite protection additionnelle ne suffira pas en cas de rencontre brutale avec une pierre. Enfin, les protèges-mains seront sans doute utile également.



Ergonomie naturelle ou presque...


Le rendez-vous est pris chez LS Moto, concessionnaire Honda à Guéret (23) et guide du jour, notre point départ d'une boucle Enduro qui s'enfoncera dans la vallée de la Creuse, jusqu'aux ruines de Crozant... Enfin si tout se passe bien !

En prenant place sur l'Africa Twin, je ne cherche pas ma place, les commandes tombent naturellement sous les doigts et les pieds, même avec les bottes de tout terrain. L'impression de compacité extérieure se confirme une fois en selle, on n'a pas la sensation d'être sur une moto dépassant allégrement le double quintal, mais j'avoue que je m'attendais peut-être à plus de finesse entre les jambes sur la Honda. Cependant, cette ligne reste régulière et aucun élément ne vient gonfler brutalement le volume de la moto.

Il n'est pas besoin de rouler pendant des heures pour se rendre compte que l'Africa Twin offre une liberté de mouvement exemplaire à son pilote, même au niveau de la selle pourtant à double étage. On remarque juste que les platines de repose-pieds passager peuvent bloquer au niveau des mollets lorsqu'on se met bien en arrière pour mettre du gaz comme sur la plage du Touquet. OK, c'est sans doute un peu extrême... Pour sa part, si le guidon est sans doute étudié pour un compromis route / tout terrain, il penche davantage du côté routier et un galbe un peu plus droit n'aurait pas été de refus pour avoir une position debout plus naturelle.



Elle a tout d'une... petite !


Nos chemins sont jusqu'ici ouverts, avec de la place pour manoeuvrer et prendre de la vitesse. La Honda Africa Twin sait parfaitement cruiser dans ces conditions, l'ensemble offre une sensation de sécurité qui nous permet même de mettre du gros gaz sans appréhension. Mais c'est lorsque l'horizon disparaît et que les pistes deviennent des "singles" étroits que les choses intéressantes vont commencer ! On appréhende un peu quand même, car sur notre itinéraire, faire demi tour devant une difficulté sera sans doute impossible avec une telle moto... Mais cette appréhension ne durera que très peu de temps. Cela peut être difficile à croire, mais l'Africa Twin se révèle d'une facilité déconcertante !

Tout d'abord, les suspensions offrent un très bon compromis, la fourche se montre confortable mais tout de même suffisamment ferme en fin de compression pour encaisser de gros chocs. L'ensemble absorbe avec une grande efficacité tous les petites aspérités que l'on rencontre dans les chemins. Pierres, racines, ornières cassantes sont avalées au moins aussi bien qu'avec une moto d'enduro. Le grip est lui aussi au rendez-vous, et ne réserve aucune mauvaise surprise lors de la remise des gaz ou même pour attaquer quelques côtes jonchées de pierres roulantes.

L'amortisseur fait lui aussi du bon boulot et je serai même surpris de constater qu'il dispose de tous les réglages d'une vraie moto d'enduro (compressions lente et rapide, détente, précharge) qui feront sans doute le bonheur des plus pointus. Même constat lors des freinages, où la roue avant garde le grip et permet de ne pas se faire surprendre par le poids de la moto. C'est le bon moment pour placer une mention spéciale à nos pneus Michelin Desert Race qui ne nous ont jamais fait défaut !



Le DCT pèse dans la balance


Les suspensions, c'est une chose, mais ça ne fait pas tout, et si cette CRF1000L se montre aussi à l'aise dans les chemins, elle le doit également à un équilibre global vraiment étudié ! On ne peut donc que féliciter Honda d'avoir fait disparaître 100 kg en terme de sensations de pilotage. Alors, si jusqu'ici tout était vrai aussi bien pour la version classique que la DCT à boite automatique, un point va départager les deux Africa Twin.

La version standard est un véritable poids plume à piloter, mais lorsqu'on passe sur la version DCT, il en va tout autrement... Il n'y a que 10 kg d'écart entre les deux "Africa", et pourtant, ces kilos semblent compter double ! Plus on ralentit le rythme et plus le poids de la DCT se fait sentir. Et surtout, il faut plus d'engagement de la part du pilote pour placer sa moto où il le souhaite, centre de gravité rehaussé oblige. Mais attention, il faut bien comprendre que l'Africa Twin standard place la barre très haut en termes de maniabilité et de facilité, et que si nous avions du comparer sa version DCT à certaines concurrentes, cette remarque aurait sans doute été plus modérée...



Pense à rien et tourne la poignée !


On le voit bien, l'Africa Twin DCT est plus exigeante en partie cycle, mais son moteur offre un vrai plus en terme de facilité de pilotage. L'avantage ici, c'est qu'on ne se pose pas de question, il suffit de tourner la poignée pour rallier le point A au point B... Et le point B, il peut se trouver en haut d'une montée semée de racines humides et de feuilles mortes, ça ne pose aucun problème ! La traction est optimale à la roue arrière. Sachez que le "Traction control", utile dans les pistes mais pas vraiment à son aise lorsque le terrain s'accidente, est déconnecté depuis longtemps.

La version DCT permet également d'enrouler à bas régime très facilement, dans les parcours lents c'est un plus. Mais tout n'est pas parfait non plus, la gestion du passage des rapports se révèle parfois surprenante, il arrive que la moto reste sur une même vitesse alors qu'on se verrait plutôt monter un rapport pour profiter de la "rondeur" du moteur. Dans ce cas de figure, on prend assez naturellement le coup pour mettre un "coup de palette" et forcer la montée d'un rapport. Mais le reproche sera identique lors des rétrogrades, parfois trop tôt, parfois trop tard... Il est évidemment difficile de demander à une moto de comprendre le pilote dans une discipline où on improvise constamment. Et descendre un rapport avec le pouce est ici beaucoup moins naturel.

Le mode G, qui enclenche plus rapidement l'embrayage et donne plus de frein moteur pour justement être plus en phase avec une utilisation offroad, ne change pas la donne, d'ailleurs la différence avec ou sans ne m'a pas plus marqué que ça...



A l'ancienne, c'est plus drôle


De l'autre côté, la CRF1000L standard et son embrayage manuel apportent d'autres satisfactions... et inconvénients. La moto est très agréable, son comportement linéaire (même en mode "Sport") permet d'enrouler lentement sans se faire pousser par le moulin. On peut ensuite jouer du levier d'embrayage, dont le feeling est excellent, mais cela ne suffit à égaler la rondeur hors norme du DCT. On peut même se faire surprendre par un coup de piston(s) et caler de temps en temps. Pas très grave me direz-vous... jusqu'au moment où vous devez rattraper 235 kg statiques dans un devers, vous imaginez la suite.

Pourtant, il faut bien avouer que l'Africa Twin standard est plus fun que la version DCT ! Avec une transmission "normale", on se prend au jeu, on met des coups d'embrayage pour cabrer, pour sortir des ornières, pour lancer la glisse... Bref, comme on le ferait avec une moto d'enduro et sans se faire dépasser par les événements, car tout reste sous contrôle. Dans les chemins en CRF1000L, on peut se permettre d'enclencher un rapport supérieur sans problème, voire deux mais autant vous dire qu'en 4 dans les sentiers creusois, ça commence à défiler !

Une Africa Twin en cross, check !
Comme l'enduro devenait trop facile pour l'Africa Twin, nous avons poussé le vice encore plus loin... Direction le terrain de motocross de Crozant qui accueillera ni plus ni moins que le Super Trophée de France en 2016... Alors après les entraînements hivernaux et les dernières intempéries, autant vous dire qu'on s'est fait brasser au guidon de la CRF1000L, mais une fois encore, la moto surprend ! On ne va pas vous dire qu'on met de l'angle dans les ornières comme avec une moto de cross, mais on ne s'est pas dit qu'on n'avait rien à faire sur le terrain non plus, et on s'est même envoyé un saut costaud... Si si, c'est en vidéo ! (à venir)

Évidemment, on arrive ici à l'extrême de la démonstration et il est évident que personne n’achètera une Africa Twin dans le but de rouler en cross. Le test permet au moins de confirmer que la Honda est très bien suspendue et capable d'une polyvalence exceptionnelle. Donc on confirme, les racines tout terrain de la CRF 1000 L Africa Twin sont bien présentes ! J'irai même plus loin, pour moi cette Honda est une moto de tout terrain que l'on a adaptée à la route et non l'inverse !



Bilan : Une Creusica Twin pour tout faire


Près de 150 kilomètres plus tard, nous voici de retour chez LS Moto (23), non sans avoir achevé notre boucle en nocturne totale dans les bois... Vous l'aurez compris, cette Africa Twin 2016 est une révélation en tout terrain. A son bord, on n'a pas forcé beaucoup plus qu'au guidon d'une grosse 450 ou 500 enduro et on a pris autant de plaisir ! Peu de chose peuvent finalement arrêter la Honda si ce n'est le passage du bas moteur dans les "singles" empierrés et trop étroits, mais vous irez quand même plus loin qu'avec une allemande dans ce cas précis...

L'Africa Twin se révèle facile de prise en main, intuitive et dotée d'une vivacité insoupçonnée tout en se montrant très sûre. Bref, on se sent bien sur cette moto, avec un avantage clair à la version standard. Le moteur "rond" fait merveille et ses 95 ch ne vous prennent pas de court, la maîtrise est facile, le filet de gaz précis et on peut même attaquer ! En terme de facilité, de rondeur mais aussi d'efficacité à la roue arrière, le modèle DCT prend l'avantage, mais pas en terme de fun.

Alors, la nouvelle Honda Africa Twin a-t-elle réussi l'examen tout terrain de la station ? Oui, et haut la main ! Dans ce cas, laquelle choisir ? Sans hésiter, je vote pour ma part pour la version standard. Peut-être ne suis-je pas encore séduit par le luxe d'une boite auto, mais c'est surtout la maniabilité un cran au dessus de l'Africa Twin standard qui joue en sa faveur. Si vous aviez un doute sur les limites en tout terrain de cette Honda Africa Twin CRF1000L, vous voilà donc fixés... Reste maintenant à vous lancer sur les piste sur le "twin africain", plus d'excuses désormais !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire